Interview  de Jean Pascal Debailleul   » les contes  pour sortir de l’impasse et gagner en lucidité »

 

Provoquer d’heureux hasards, mettre la chance de son côté, « activer » le champ des possibles, accélérer les accomplissements, … c’est ce qu’enseignent les contes de fées. Se brancher à la sagesse du vivant pour multiplier les synchronicités et naviguer librement dans la magie des coïncidences, voila aussi le programme de sagesse qu’ils proposent, en fait rien de moins que des clés d’agilité pour fonctionner dans l’incertitude, le grand défi de l’homme contemporain.

La dynamique narrative des contes repose sur des synchronicités qui provoquent de profondes transformations, perçues souvent comme irrationnelles. « Le héros se trouve dans une impasse, mais il est habité d’une nécessité impérieuse ; se présente alors à lui une vielle femme rencontrée dans une forêt, ou un chat « botté », lui dévoilant soudain des aspects inattendus de la situation»

Nous vivons, la plupart du temps, de façon limitée, alors que nous nous trouvons au cœur d’un champs quantique d’informations disponibles, mais dont nous ignorons bien souvent comment y accéder. Les contes sont porteurs d’un modèle de synchronicités actives, en comprendre le fonctionnement peut nous permettre d’en reproduire les expériences, en nous appuyant sur leurs clés de sagesse. Voici trois grandes clés de cette agilité à l’incertitude :

  1. Déterminer son souhait : Se rassembler dans l’infini nécessité de la question
    «Il faut être mu par une nécessité impérieuse, pour ouvrir le champ du tout possible et des synchronicités». En clair, c’est parce que nous sommes dans l’attente d’une solution décisive pour une question essentielle que tout à coup il y a un alignement entre le monde du tout possible et notre réalité ! Comme le fils du meunier, dans le conte du Chat Botté, qui se retrouve sans héritage à la mort de son père. Ces situations en apparence «désespérées », nous obligent en quelque sorte à nous intéresser à notre grand rêve d’accomplissement, et à nous mettre en quête !
    La clé de sagesse :Pour « activer les synchronicités », il faut poser « la question », émettre une fréquence, un signal, qui va trouver un écho, une résonnance dans ce champ. En se tenant à « l’infini » de notre souhait, alors l’infini des possibles s’ouvre ! La première étape est de trouver notre nécessité impérieuse, l’objet de notre quête, notre « graal ». « Nous nous percevons selon une image qui trouve son origine dans nos conditionnements. Aussi, les questions vitales de notre vie sont souvent douloureuses, difficiles à résoudre, et donnent lieu à toutes sortes de conflits dans lesquels nous nous enlisons ». La proposition est de quitter ce positionnement qui nous fait tant souffrir, et d’appeler pour cette question vitale, des réponses du champ des possibles. Une clé d’activation du processus est de « faire comme si » notre cœur avait trouvé satisfaction : cette posture « attire » littéralement des informations, dont il faut être à l’écoute.
  2. Relever le défi : Maintenir le signal face aux résistances
    « Nous allons devoir faire face à toutes nos résistances au changement et à nos peurs ». Cette dynamique des synchronicités s’accompagne immanquablement d’une accélération, qui va être porteuse de changements. Un certain nombre d’opportunités vont se présenter, qui sont autant de réponses à notre questionnement. « Le problème est qu’elles sont rarement celles que nous attendions, et ne sont pas toujours perçues comme des bénédictions ». Que ce soit un voyage, un déménagement, une promotion, une rencontre… Surprenant, inattendu est le maître mot. Il va falloir continuer à maintenir la « fréquence du questionnement », et se lancer dans l’aventure proposée, y compris la plus déraisonnable.
    La clé de sagesse : Il faut, avant tout, se protéger des assauts internes tels que la peur, le désir de contrôler, la volonté, l’attachement au résultat. « C’est une chose d’entrer dans la dynamique des synchronicités, c’en est une autre de « tenir la fréquence ». Il faut faire un travail de dépassement initiatique, et s’ajuster à ce monde du «tout possible ». Comment ? En apprenant à vivre en abandon à ce que l’on ne comprend pas. « Nous en avons la capacité, il existe au plus profond de notre cœur un modèle d’accomplissement, notre propre modèle de croissance. C’est cet « ADN » intime qui sait, pas notre mental trop étroit ». Vous vous baladez avec une amie, un inconnu vous offre deux places de théâtre, parce qu’il vient de se disputer avec sa femme ; prenez-les et allez-y ! Découvrez les réponses « surprenantes » de la vie pour votre quête.
  3.  Trouver son talent créateur : transformer la situation
    « Pour se réaliser dans la magie des coïncidences, il est nécessaire de dépasser son modèle de croissance individuel, pour un plan d’ensemble où se coordonnent une multitude de modèles en interaction les uns avec les autres ». Traduction : Nous sommes un élément déterminant du changement. A l’instar de l’adage « Change-toi et tu changeras le monde ! », les contes nous invitent à opérer cette métamorphose, à première vue individuelle, mais qui s’inscrit dans une dimension collective. Sur le plan métaphorique, dans l’univers du conte, le monde est comme ensorcelé par une force d’inertie dont les formes figées attendent d’être libérées. Prenez le château de La Belle au bois dormant, par exemple. « Si vous êtes prêt à devenir le héros de votre conte, vous serez soutenu par la vie, et les coïncidences se multiplieront pour libérer ce monde pétrifié, en vous, bien sûr mais de façon plus large à l’extérieur.»
    La clé de sagesse : Naviguer sur la crête des synchronicités qui se présentent va immanquablement demander de faire émerger votre talent, à la croisée des synergies ; comme la cohésion inventive de la Fanfare de Brême, ou le don de soi au don du langage des animaux dans Le Serpent blanc… Pour le découvrir, voici ce qu’il faut faire :  «Il est nécessaire de se placer du point de vue de l’ensemble, et de porter sa question en appui sur cette coordination, au lieu de rester sur un point de vue individuel et limité ». La vie va ouvrir de nouvelles opportunités à la personne qui soutient son propre processus de croissance au service de l’ensemble, alors notre participation permet de jouer une partition à l’intérieur du mouvement de création. Avec un dénouement qui bien souvent dépasse notre souhait initial.« Alors êtes-vous prêt à vivre le génie de votre « question vitale », votre nécessité impérieuse comme le prototype d’une avancée pour tous ?»C’est une question essentielle à se poser, dans les enjeux d’intelligence collective, pour vivre en grand la magie des synchronicités avec la sagesse des contes ; la seule aventure à vivre assurément.

 

Tu utilises cette méthode dans le cycle de coaching HEC. Est-ce facile d’accéder à l’univers des contes, et quels messages veux-tu faire passer ?

A l’Ecole de coaching d’HEC, j’interviens dans leur 8module quand ils commencent à construire leur projet de coaching. Je les aide à mettre au jour les facteurs différenciants de leur identité de coach par un travail de vision d’accomplissement et d’émergence de leur qualité infinie. Je les fais aussi résumer en une formule « magique » cette présence nouvelle de soi pour en garder la vibration d’inspiration et la puissance, car ils auront à la confronter dans leur domaine professionnel et surtout à l’utiliser comme un puissant attracteur d’opportunités. C’est sur soi-même, et au plus vite, qu’il faut commencer à expérimenter la percée verticale du cœur en direction du tout possible.

J’utilise un conte très pertinent pour cela, celui du Génie dans la bouteille qui montre comment dans la même impasse on peut projeter de l’échec ou de la vitalité créatrice. Cette histoire donne très bien à ressentir comment la qualité infinie du héros est décisive pour accéder au changement. Mais cela demande de ressentir l’histoire en profondeur car l’enseignement est caché, comme dans tous les contes d’ailleurs. C’est volontairement que les contes se présentent comme insignifiants, c’est ce qui leur a permis de traverser les siècles.

Comment peut-on se ressourcer par les contes ?

Souvenez-vous de ces histoires
qui racontent comment Alexandre tranche le nœud gordien, Thésée s’échappe du labyrinthe, David terrasse Goliath, le Chat botté fait d’un meunier un roi…

N’avez-vous pas, vous-mêmes, connu des moments fabuleux où tout était possible ?  Vécu des histoires où l’inespéré était au rendez-vous ?

Aujourd’hui, il est plus actuel que jamais de reprendre ce raccourci, de retrouver cette magie de la vie rencontrée au hasard de l’existence et de la projeter, en créateur, dans les problématiques à traiter, grâce au couplage des, outils de l’intelligence collective et de la sagesse des contes. C’est le moment.

J’ai mis au point un programme de coaching du coeur qui présente des techniques que les professionnels de la relation d’aide utilisent quand ils sont en baisse d’énergie et qu’ils ont à stimuler des clients qui piétinent.

On sait combien le coach peut souffrir dans l’accompagnement de son client quand celui-ci reste bloqué malgré les objectifs définis ensemble ou le consultant avec les équipes de direction enlisées dans les dysfonctionnements de leur management.

En effet, les coachs, thérapeutes, formateurs ou consultants font un métier qui exige un haut niveau de vitalité et n’admet pas de faiblesse lorsqu’ils sont eux-mêmes malmenés.

L’idéal pour eux serait de pouvoir se redresser dans l’instant en accédant à la magie qui leur est propre. Mais savent-ils la retrouver à volonté ?

Les études sur la préparation des athlètes dans les sports de haut niveau indiquent pourtant des pratiques de dilatation du temps qui augmentent la performance individuelle et collective, et les études sur le cerveau, invitent à développer les ressources prodigieuses de la conscience qu’on utilise à peine.

Alors comment les convoquer dans les passages à vide, ceux du coach comme ceux de ses clients ?

C’est l’ambition de nos outils de coaching du cœur : par la puissance des contes faire retrouver sa flamme et ranimer un haut niveau d’ambition quelques soient les conditions contraires.

 

La dimension du cœur se trouve-t-elle dans l’enseignement des contes ?

Il ne s’agit pas du cœur affectif bien sûr, mais de la dimension d’être qu’on appelle cœur, ici, en référence au modèle du héros de la sagesse des contes. Le Héros est une des 5 fonctions qui nous constituent : le Roi (fonction de jugement), le Héros (fonction d’action), la Fée (fonction d’accomplissement), le Tout (fonction de synergie) et le Courant Créateur (fonction d’inspiration). Et le Héros est caractérisé par l’infini de son cœur. C’est-à-dire sa nécessité intime. C’est son infini qui décode les signes de la Fée et qui, d’inspiration en inspiration, s’engage dans la percée créatrice, puis chevauche l’accélération des opportunités, puis navigue à la croisée des coïncidences dans une incertitude totale mais en prise avec les intelligences de l’arrière-plan où tout fonctionne par alignements et en unité.

Il est délicat de se maintenir sur cet infini quand on l’a enfin identifié en soi, et de le privilégier à tout, car on croit souvent devoir lui rajouter des compléments qui ne servent à rien. C’est là que se concentre le véritable enseignement des contes et du leadership du cœur.

 

En vous rejoignant le 30 juin et le 1er juillet  dans la formation introductive au coaching du cœur, que pourrons-nous apprendre ?

 

Vous allez apprendre à accéder à l’inspiration à volonté et à traiter toutes les questions, les vôtres comme celles de vos clients, par la dynamique d’accomplissement de l’infini du coeur. Le thème central des contes de fées est celui du royaume à délivrer ou de la royauté à déployer, c’est-à-dire du potentiel d’être à exprimer. Pour cela les contes invitent à se brancher à l’intelligence du vivant et à faire une percée verticale du cœur en direction de l’arrière-plan de l’infini des possibles où tout fonctionne ensemble. Nous allons vous enseigner les bases de ce fonctionnement en synchronicité dont les contes ont le secret.

Les participants doivent venir avec des questions cruciales qu’ils veulent absolument faire avancer.

Pour chaque question, on fera émerger son programme d’accomplissement. En fait son sens véritable dans l’arrière-plan de la réalité, comme le programme du chêne dans le gland, c’est cela le royaume à libérer, en fait un potentiel immatériel que l’on reformulera sous la forme d’un énoncé qui servira à en rappeler la mémoire mais aussi à en émettre la résonance pour attirer les coïncidences.

A partir du moment où l’on aura le véritable mode d’emploi de notre question, il faudra s’y engager en non-retour et produire ainsi une friction active qui dynamisera les intelligences de l’arrière-plan, elles-mêmes en attente d’être stimulées selon leur programme de croissance.

Commenceront alors à apparaître des synchronicités qu’il faudra chevaucher en connexion avec le courant créateur qui est à la source du mouvement d’ensemble et pousse vers un apprentissage de conscience.

Chaque question pourra être travaillée selon ces 4 niveaux de synchronicité et acquérir ainsi une dynamique de sens extrêmement puissante, irrésistible, recevant une empreinte visionnaire comme celle que donnent les grands songes.

Pour bien faire toutes les questions devraient être traitées ainsi en synchronicité comme possibilités d’apprentissage apparaissant en nous pour être vécues en prise avec l’intelligence du vivant.

Avec cette formation, vous saurez aussi faire vivre cette magie à vos clients.

 

As-tu un conte à nous raconter pour mieux nous faire comprendre …?

Voici le conte de l’Esprit dans la bouteille

le  lien  pour lire le conte: https://www.leadershipducoeur.com/le-conte-de-lesprit-dans-la-bouteille/

 

interview par samy kallel pour le leadership du coeur.